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Dennis Hopper

Dennis Hopper dans les années 1950

 

 

 

James Dean Geant

James Dean dans la peau de Jett Rink vieillissant et alcoolique dans Géant de George Stevens, son dernier film.

 

 

 

Sal Mineo

Sal Mineo dans Géant de George Stevens.

 

 

James Dean Giant

James Dean en "Jett Rink" jeune, dans Géant de George Stevens, 1956

 

 

Night Tide

Night Tide réalisé par Curtis Harrington , le premier grand rôle de Dennis Hopper

Dennis Hopper Nicholas Ray

Dennis Hopper avec Nicholas Ray à l'époque d'Easy Rider

Peter Fonda Easy Rider

Peter Fonda en Captain America dans Easy Rider.

 

 

 

East Rider

Apparition de Jack Nicholson au générique de Easy Rider.

 

 

 

Easy Rider

Peter Fonda et Dennis Hopper dans Easy Rider

 

 

 

Easy Rider Dennis Hopper Karen Black

Peter Fonda (caché à gauche),Toni Basil, Dennis Hopper et Karen Black en plein Mardis Gras pendant le tournage de Easy Rider

 

 

 

Easy Rider Fotobusta

Easy Rider, Fotobusta italienne

 

 

 

Easy Rider Original Soundtrack

Bande orginale d' Easy Rider

 

 

 

Jack Nicholson Peter Fonda Easy Rider

Jack Nicholson et Peter Fonda dans Easy Rider

 

 

Jack Nicholson Easy Rider

Le flamboyant Jack Nicholson dans Easy Rider

 

 

Route One USA Robert Kramer

UN ROAD MOVIE DE REFERENCE

Pratiquement vingt ans après Easy Rider, le documentariste Robert Kramer (1939-1999), figure majeure de la contre-culture et du cinéma indépendant, réalise Route One USA, sorti en 1989. Ce road movie nord-sud, qui n’est pas sans rappeler l'odyssée des deux motards du film de Hopper, serpente pendant plus de quatre heures sur la fameuse "Route One", 5000 km depuis le Maine jusqu’à Key West en Floride

Paul McIsaac Route One USA

Dans les roues de « Doc » , voyageur sans but interprété par Paul McIsaac (acteur aux faux airs de Jack Nicholson), Robert Kramer dresse un portrait réaliste et désenchanté de l’Amérique des années Reagan.

 

 

Last Movie Dennis Hopper

Dennis Hopper au Pérou sur le tournage de The Last Movie

 

 

Last Movie Dennis Hopper

The Last Movie (1971), second film de Dennis Hopper,redevenu "cowboy", tourné au Pérou.

 

 

The Last Movie Dennis Hopper

The Last Movie, Dennis Hopper, 1971, jaquette VHS USA

 

 

Phil Ronnie Spector

Phil Spector et Ronnie Spector par Dennis Hopper, 1966

 

 

Dennis Hopper Andy Warhol

Andy Warhol (à gauche) et Dennis Hopper (à droite). Photo de Julian Wasser, 1963, présentation lors de l'exposition de la Cinémathèque française, Paris, 2008-2009.

 

 

Basquiat Dennis Hopper David Bowie

Dennis Hopper et David Bowie (dans le rôle d'Andy Warhol) dans le film Basquiat de Julian Schnabel, 1996

 

 

Blue Velvet

Dennis Hopper, le psychopathe Frank Booth de Blue Velvet de David Lynch, 1986

 

 

Frank Silva Twin Peaks

Frank Silva, interprète du démoniaque "Bob" de David Lynch dans Twin Peaks, 1990-91, un avatar des personnages lynchiens.

 

 

Colors Dennis Hopper

Dennis Hopper sur le tournage de Colors, son film sur les gangs de Los Angeles, 1988

 

 

Red Rock West

Dennis Hopper en Lyle dans Red Rock West de John Dahl, 1993

 

 

James Dean Geant

James Dean en Jett Rink vieillissant dans Géant de Georges Stevens, 1956.

 

 

 

Blood Red

Blood Red (Une fusil pour l'honneur) de Peter Masterson, 1989 - Jaquette de VHS, USA

 

 

 

Dennis Hopper Taschen

Dennis Hopper Photographs 1961 1967, Walter Hopps, Jessica Hundley et Tony Shafrazi - Ed Taschen, 2009.

 

 

 

 

 

James Dean Dennis Stock

James Dean Par Dennis Stock Introduction de Joe Hyams Editions de La Martinière 128 pages.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dennis HOPPER (1936 – 2010), l'ami américain
ou la deuxième mort de James Dean

par Jean Segura

Dennis Hopper Ami américain 

Dennis Hopper dans L'Ami américain de Wim Wenders, 1977

 

Lundi 21 juin 2010

Nostalgie née de l’immensité des collines texanes et des sierras du Nouveau Mexique : plongées autoroutières et supertubes sur la stéréo-Chrysler et vague de chaleur - la photo ponctuelle n’y suffit plus -, il faudrait avoir le film total, en temps réel, du parcours, y compris la chaleur insupportable et la musique, et se reprojeter tout cela intégralement chez soi, en chambre noire – retrouver la magie de l’autoroute et de la distance, et de l’alcool glacé dans le désert et de la vitesse, revivre tout cela au magnétoscope chez soi, en temps réel – non pour le seul plaisir du souvenir, mais parce que la fascination d’une répétition insensée est déjà là, dans l’abstraction du voyage. Le déroulement du désert est infiniment proche de l’éternité de la pellicule.

Jean Baudrillard – Amérique - 1986

Le 30 septembre 1955 à Cholame, Californie, au volant de sa Porsche « little bastard » 550 Spyder, James Dean, qui venait de sortir du tournage de Géant (Giant, 1956), film fleuve de George Stevens, achève dans une embardée son dernier voyage. L’acteur de 24 ans n’aura connu de vraie gloire que posthume. Avec seulement trois films, il fait encore partie, cinquante-cinq ans après, de ces icones de l’Amérique des fifties, comme Marilyn ou Elvis, demi-dieux de la bannière étoilée.

Fureur de vivre

Trois jeunes espoirs d'Hollywood dans les années 1950 : Dennis Hopper (cuir), Sal Mineo (absent sur la photo) et James Dean (à droite) dans La Fureur de vivre de Nicholas Ray, 1955.

Le Kid de Dodge City

Dans Géant apparaît un personnage un peu falot, moins caractériel que « Jett Rink » interprété par Jimmy Dean : le fils de « Jordan Bick Benedict » (Rock Hudson), "Jordan III" qui a le culot d’épouser une jeune femme d’origine mexicaine en plein pays texan conservateur et surtout raciste. Jordan Jr, c’est Dennis Hopper, qu’on remarque à peine - qui s'en souvient ? Comme on se remémore aussi difficilement Sal Mineo qui, comme Hopper et comme Dean, ont un an auparavant été dirigés par Nicholas Ray dans La Fureur de vivre (Rebel Without a Cause, 1955). Le film de Ray devenu culte, avec d'autres comme Graine de violence (Blackboard Jungle, 1955) réalisé la même année par Richard Brooks, est l'un des premiers qui se penche sur le malaise de la jeunesse dans la société opulente de l'Amérique d'après guerre. Dean, Hopper et Mineo, qui incarnent cette jeunesse bouillonnante - mais pas encore révoltée - font partie de la génération montante des "teenagers" du Hollywood des années 1950, à l’instar des Warren Beatty, Robert Redford, Steve McQueen, Natalie Wood, Carroll Baker, Lee Remick.

James Dean, l’aîné (né en 1931) a eu la fin que l’on sait à 24 ans. Sal Mineo, benjamin (il est né dans le Bronx en 1939) et latino de la bande, malgré quelques apparitions marquantes (notamment dans Exodus (1960) d’Otto Preminger ou Les Cheyennes (Cheyenne Autumn, 1964) de John Ford), n’a pas eu la carrière que sans doute il méritait. Triste fin de film pour lui : il meurt assassiné devant son domicile à West Hollywood par un junkie le 12 février 1976 à l’âge de 37 ans. On raconte que John Lennon (décidément !) voulait offrir une récompense à qui aiderait à retrouver son meurtrier. Pour Dennis Hopper, né le 17 mai 1936 à Dodge City dans le Kansas (là ou Wyatt Earp fut shérif), la pente sera plus rude et plus longue pour accéder à l’Olympe du 7ème Art ; star enfin incrustée dans le bitume de Hollywood Boulevard le 26 mars 2010.

Jouant principalement pour des serials TV (comme Clint Eastwood ou Steve McQueen à la même époque), la carrière de Dennis Hopper s'étiole en rôles de troisième couteau dans des westerns et thrillers – dont certains restés fameux – comme Johnny Guitare (non crédité - 1954 - Nicholas Ray), Règlement de compte à OK Corral (Gunfight at the OK Coral, 1957 – John Sturges), Luke la main froide (Cool Hand Luke, 1967 – Stuart Rosenberg) ou Pendez les haut et court (Hang 'Em High, 1968 – Ted Post) avec Clint Eastwood. Dirigé par Henry Hathaway, Hopper joue aussi dans La Fureur des hommes (From Hell to Texas, 1958) et dans Les Quatre fils de Katie Elder (The Sons of Katie Elder, 1965) ; mais se brouille avec le réalisateur à la suite d'un différend qui lui ferme la porte des studios pendant les sept années qui séparent ces deux films. Hopper n’a pas eu la chance de trouver un mentor à la Sergio Leone, ou à la Don Siegel pour Clint Eastwood. Malgré ces revers, il continue de tourner - pour la télévision ou pour de petites productions, avec Andy Warhol, Roger Corman et sur le long métrage Night Tide (1961) réalisé par Curtis Harrington - avant de venir lui-même à la mise en scène.

Dennis Hopper

Dennis Hopper, fin des années 1960.

Histoire(s)d’Amérique

Fin des années 60, l’Amérique change de visage. Les assassinats de JFK et de Robert Kennedy, de Martin Luther King et de Malcom X sont les révélateurs d’une nation qui, un siècle après la guerre civile, est prête à se déchirer à nouveau. La Guerre du Vietnam et la lutte pour les droits civiques des noirs sont la toile de fond d’un pays où la civilisation des villes verticales, des grosses bagnoles et des grands espaces sauvages n’arrive plus à contenir une violence et une contestation issues de sa jeunesse et de sa minorité afro-américaine. La fureur de vivre tourne à la fureur des villes et des ghettos.

Mais la génération du baby boom n'a ni les moyens, ni sans doute les motivations profondes de renverser les hommes du Capitole, enfants eux-mêmes des pères fondateurs de la nation qui tiennent ce pays conservateur et puritain. Malgré ses contradictions, l'Amérique de Jefferson et de Lincoln arrive encore à incarner la liberté et l'imagination. Mais prenant le contrepied de leurs parents qui prospèrent dans la société de l'ordre et de la consommation, ceux des babyboomers qui n'ont pas choisi l'engagement politique radical (quelquefois les deux ensemble) vont alors s'engouffrer dans un vaste mouvement de contre-culture. Partant des Etats-Unis, cette vague va déferler dans le lit ouvert par la contestation de tout le monde occidental, franchissant même le rideau de fer à l’est de l’Europe.

Les rameaux de la contre-culture

Le jazz et le blues, nés sur les rives Mississippi dans les ghettos noirs, métissés à la country et au blue grass des blancs, donne naissance au début des années 1950 à une musique détonnante et sensuelle, le rock'n'roll. Cette musique qui gagne très vite l'Europe fusionne avec les apports de la jeunesse anglaise des banlieues de Liverpool et de Londres, animée de la même énergie électrique pour aboutir à un genre encore plus vaste, la pop-music. Magnifiée par l’explosion de l’industrie discographique, cette musique va être à la fois le moteur démultiplicateur et le miroir fédérateur, constamment renouvelé, de la génération d'après guerre.

L’immensité et la beauté des paysages du pays où le mythe de la « nouvelle frontière » fait encore partie de sa jeune histoire, est un espace de liberté dans lequel on peut faire le choix de se perdre et d’échapper à la société consumériste à outrance des villes. Sur les traces de Jack Kerouac et des poètes de la Beat Generation, la jeunesse en rupture va prendre la route. Venus du vieux monde, Raymond Depardon, Wim Wenders et bien d’autres artistes se laisseront, chacun à leur manière, séduire par la poésie de ce que Jean Baudrillard appelle « l’Amérique Sidérale, celle de la liberté vaine et absolue des freeways (…) de la vitesse désertique, des motels et des surfaces minérales ».

 

Dennis Hopper

Dennis Hopper, cowboy denenu hippie à la fin des années 1960 .

Le choix de disposer de leur corps conquis par les femmes – la pilule est commercialisée aux Etats-Unis à partir de 1960 – ouvre les esprits à la libération sexuelle, ressentie comme source naturelle de plaisirs, et non plus seulement comme moyen de procréer et encore moins un péché originel condamné depuis des siècles par l’Eglise puritaine.

Enfin, à l’heure où des hommes s’apprêtent à poser le pied sur la Lune, le cannabis et de nouvelles drogues hallucinogènes (LSD, etc) vont faire entrer cette génération, en mal d’un irrésistible besoin d’hédonisme, dans la « terra incognita » des paradis artificiels.

Sexe, drogue et rock’n’roll ouvrent à la modernité cette jeunesse « flower power » qui trouve là le moyen de se débarrasser de ce qui reste de ce XIXe siècle constructeur mais devenu archaïque dans lequel les parents de leurs parents avaient plongé leurs racines.

Easy Rider

Cannabis sur Macadam

C’est dans ce contexte que Dennis Hopper réalise en 1969 son premier – et sans doute meilleur - film : Easy Rider, tourné en 1968, chronologiquement à mi-chemin entre le Summer of Love de 1967 et les concerts pop de Woodstock et d’Altamont en 1969. Jouant lui-même au côté de Peter Fonda, Hopper (méconnaissable avec ses cheveux longs et sa moustache en broussaille) y décrit l’odyssée de deux motards entre l’ouest (progressiste) et le sud (conservateur) des Etats-Unis dans une ambiance psychédélique propre à cette époque. Vient se joindre au duo un Jack Nicholson flamboyant dont le propos reste un morceau d’anthologie dans l’histoire de la contre-culture « They ain’t scare of you, they scare of what you represent to (…) what you represent to them is freedom (…) but talking about it, and being it are two different things.I mean It's reel hard to be free when you're bought and sold on the market place »

Jack Nicholson Easy Rider

Youtube : "what you represent is freedom"

On y découvre l'univers des communautés alternatives qui ont choisi vivre à la marge de la société de consommation : un mode de vie néo-tribal basé sur le retour à la vie aux champs, le partage des ressources selon ses besoins et non plus selon ses moyens ; mais aussi l’échange des partenaires sexuels ; et encore ce savoureux plaisir de la petite fumée infiltré dans les corps enivrés par la marijuana.

Western moderne, Easy Rider est considéré comme le premier « road movie » ; un concept qui repose sur la fuite ou l’errance des personnages, et selon lequel le voyage devient un ruban spatio-temporel, une « time line » sur laquelle viennent s’égrener des épisodes de vie au gré du défilement du paysage.

Première capsule temporelle musicale

La bande son d’Easy Rider, à base de rocks rugueux (dont le fameux Born to Be Wild de Steppenwolf) et de pop psychédélique (The Byrds, The Band, Jimi Hendrix, Roger McGuinn), flotte comme une douce trainée planante sur le macadam de l’écran. La musique de Woodstock, dont le concert se tient sur un champ loué à un fermier de Bethel (état de New-York) en août 1969, résonne de cette même ferveur qui vibre d’un bout à l’autre du pays. « J’avais en tête l’idée d’une capsule temporelle, déclarera plus tard Hopper (sur le commentaire audio de l’édition DVD), c’était la première fois qu’on utilisait de la musique « trouvée ». Je voulais en quelque sorte laisser un exemple de notre univers musical à l’époque. Tout le monde se servait de musique de film, j’ai donc fait la première capsule temporelle musicale : Easy Rider ».

Easy Rider Soundtrack

Liste des morceaux empruntés pour la musique d'Easy Rider sur le générique de fin.

Co-écrit avec Peter Fonda et Terry Southern, scénariste de films des mid-sixties (Dr Folamour, L’Obsédé, Barbarella, Casino Royale), Easy Rider, réalisé dans des conditions hétérodoxes, est considéré comme un manifeste de naissance du Nouvel Hollywood, à l’instar de films comme Le Lauréat, Bonnie and Clyde, Macadam Cowboy, La Dernière séance, Five Easy Pieces, Mean Streets, Mash ou The Shooting ; réponse à la Nouvelle Vague en France dont Hopper est l’admirateur inconditionnel.

Caméra de bois et boitiers Nikon

« Inventeur » du cinéma indépendant, Dennis Hopper récidive en 1971 avec un film encore plus marginal, The Last Movie, western moderne crépusculaire qui ne rencontre pas son public et reste un échec commercial loin derrière Easy Rider qui avait rapporté plus de 20 millions de dollars (pour un coût initial de 500 000 dollars).

 

Ami Américain

Dennis Hopper au volant et Bruno Ganz dans L'Ami américain de Wim Wenders, 1977.

 

 

Apocalypse Now Dennis Hopper

Dennis Hopper, photographe baroudeur dans Apocalypse Now de Francis Ford Coppola, 1979

La « caméra en bois » de The Last Movie restera le seul moyen de tournage pour Hopper qui devra attendre 1980 avant de réaliser un troisième long, Garçonne (Out of the Blue), film underground désespérant sur la culture punk qui causa un scandale lors du Festival de Cannes 1980. En 1988, il réalise Colors, un film sur la guerre de gangs à Los Angeles, avec Robert Duvall et Sean Penn, qui le sort définitivement de sa traversée du désert en le faisant renter dans le "mainstream hollywodien", comme le souligne la biographie analytique de Chrtistophe Cormier (Contre-culture et cinéma : Dennis Hopper - Christophe Cormier - Ed. L'Harmattan, 2008. C'est ensuite Hot Spot (1990) polar moderne et ironique avec Don Johnson et Jennifer Connely. Dans Une trop belle cible (Backtrack aux USA, Catchfire en Grande-Bretagne, 1990), qu'il réalise la même année sous le pseudonyme d'Alan Smithee (patronyme valise utilisé par un grand nombre de réalisateurs d'Hollywood, déboutés en cours de production ou mécontents de leurs films), il partage l'affiche avec Jodie Foster. Il a retrouvé depuis son nom au générique.

Mais c'est surtout devant la caméra que cet enfant terrible du nouvel Hollywood va enchaîner quantité de rôles : en 46 ans de carrière (de 1954 à 2010), il apparait dans plus de 200 films pour le cinéma ou la télévision, soit plus de quatre films par an en moyenne. Avec son ami Wim Wenders, il tourne L'Ami américain au côté de Bruno Ganz en 1977. Autre rôle marquant, le photographe de presse beatnick d’Apocalypse Now de Francis Ford Coppola, en 1979, semble être un copier-coller de ce que devait être le Dennis Hopper de la vraie vie, dans son épisode abus d'alcool et de drogues ; comme si le motard d’Easy Rider ressuscitait en pleine guerre au Vietnam, après avoir troqué son Harley Davidson contre trois boitiers Nikon, quelques kilos d’herbe et, avec ce qu’il lui reste de dollars, un billet pour Saigon.

Photo Dennis Hopper

Double Standard, photo par Dennis Hopper, 1961

Photographe, c’est justement une carrière qu’il mène parallèlement. Fasciné par l’Amérique, comme son ami Wim Wenders, son travail se partage entre les paysages - plutôt urbains, alors que Wenders leur préfère le désert et les espaces fantomatiques -, les instantanés de vie de ses concitoyens et de ses amis, à la manière d’un Lee Friedlander et d’un Garry Winogrand, en plus mondain peut-être. Hopper est aussi un artiste plasticien dont l’esthétique flirte avec la modernité des maîtres du pop art dont il est lui-même collectionneur : Andy Warhol, Robert Rauschenberg, Jean-Michel Basquiat, Roy Lichenstein.

 

Hopper Huston Ford

Dennis Hopper, John Ford et John Huston à Palm Springs, photo de Victor Skrebneski, 1971. Exposition de la Cinémathèque française, Paris, 2008-2009

Sympathy For the Devil

Au cinéma, avec la maturité, l’image sous laquelle Hopper va progressivement apparaître est celle de personnages troubles, cyniques, sadiques, voire totalement déglingués. Le visage déformé par les rictus et l’œil incisif ont transformé le cow-boy hippie d’Easy Rider en un violent prédateur arrachant leur virginité aux âmes innocentes auquelles le "Jordan Jr" de Géant ne ressemblera plus jamais. A la question posée par Sophie Calle dans un qwizz « Que sont devenus vos rêves d’enfant ? Hopper répond : Je les ai piétinés ». On pense évidemment au personnage de « Frank Booth », drogué à la ventoline dans Blue Velvet, terrorisant « Dorothy Vallens » (Isabella Rossellini). David Lynch dans Blue Velvet, mais aussi dans Twin Peaks avec le sulfureux « Killer Bob » (incarné par Frank Silva), sorte de double de Hopper, trouve un malin plaisir à introduire des personnages démoniaques dans ses films, comme pour faire revivre volontairement nos peurs infantiles, à la manière d’un Stephen King.

 

Blue Velvet

Dennis Hopper terrorise Isabella Rosselini dans Blue Velvet de David Lynch, 1986

Dans la gueule érodée, mais restée élégante, de celui qui a déjà tout vécu, Dennis Hopper s’inscrit dans cette lignée, anti Cary Grant, anti Gregory Peck en quelque sorte. Sans pitié, killer, de rares fois victime, il est l’éternel bad guy : Rusty James, The Indian Runner, premier long métrage réalisé par son ami Sean Penn, Red Rock West, Speed, The Blackout (Abel Ferrara, 1997) ; pas de doute le méchant c’est bien lui, même s'il lui arrive d'éclairer son rôle d'une touche d'humanité comme dans The True Romance de Tony Scott ou dans Une trop belle cible. Ces personnages vénéneux sortent des limites du cinéma édulcoré cadenacé par la censure du code Hayes qu'Hopper a connu dans son adolescence. Seul Richard Widmark en Tommy Udo dans Le Carrefour de la mort d'Henry Hathaway (1947) avait laissé le souvenir d'un pourri du même acabit. Les vrais salauds se comptent sur les doigts de la main dans les films américains d'avant la fin des années 1960.

 

Palermo Shooting Wim Wenders Dennis Hopper

L'un des derniers rôles de Dennis Hopper, ici dans Palermo Shooting (Rendez-vous à Palerme) de Wim Wenders, 2008

Avec le temps Dennis Hopper a réussi parfaitement à vieillir avec ses personnages et accepte aussi d'incarner la face obscure de l'Amérique, celle de la violence et de la peur, à la fois fascinée et traumatisée par le crime ritualisé de Charles Manson, le suicide collectif de la secte de Waco au Texas, l'attentat contre le bâtiment fédéral d'Oklohama City, les prises d'otages ou les tueries dans les écoles, dont Gus Van Sant et Michael Moore tireront leurs films respectifs Elephant et Bowling For Columbine. Dennis Hopper était-il soucieux de donner une image plus authentique et plus moderne de ce pays - dont on sent bien qu'il l'aime profondément - plutôt que de répéter à l'infini le même message de l'Amérique bien-pensante ? La fin tragique de Easy Rider montrait bien qu'il était temps de sortir des studios et des limousines pour se frotter à la violence du macadam. Hopper récidivera son geste dans Colors.

Pour conclure, souvenons nous de James Dean grimé à la fin de Géant dans la peau de « Jett Rink » en roi du pétrole vieillissant, ivrogne et aigri, un rôle que Hopper aurait pu parfaitement jouer à la fin de sa vie. Une vie qui s’achève le 29 mai 2010 à Los Angeles… comme une deuxième mort de James Dean, son ami auquel il ne voulait pourtant pas qu'on le compare.

Jean SEGURA

Dennis Hopper

Dennis Hopper : Billboard Factory (Multi Image of a Woman Face) Huile sur bâche vinyle présentée lors de l'exposition de la Cinémathèque française, Paris, 2008-2009.

JAMES DEAN, UN DEMI SIÈCLE DE LÉGENDE

James Dean Par Dennis Stock Introduction de Joe Hyams Editions de La Martinière 128 pages.

Septembre 1955-Septembre 2005, il y a exactement 50 ans disparaissait un jeune acteur américain qui n’avait fait que trois films, en même temps qu’allait naître le mythe « James Dean ». Le photographe Dennis Stock publie sur grand format quelques-unes des belles photos qu’il a réalisées aux côtés de l’acteur. Certaines de ces images, comme celle de James Dean emmitouflé dans un caban d’officier de la Navy déambulant sous un Times Square pluvieux (voir la couverture du livre), font déjà partie de l’imagerie qui a contribué à faire entrer l’acteur dans la légende. L’histoire des « montreurs d’ombre », les photographes, personnalités anonymes effacées derrière leur modèle, nous apprend toujours quelque chose sur la genèse des mythes.

Celle de Dennis Stock est, de ce point de vue, à découvrir. Lorsqu’il fait la connaissance de James Dean, ce dernier vient de terminer À l’Est d’Éden d’Elia Kazan et s’apprête à enchaîner le tournage de La fureur de vivre avec Nicholas Ray. C’est le réalisateur lui-même qui provoque la rencontre des deux jeunes gens l’hiver 1954-55 au cours d’une réception qu’il donne dans son bungalow à Hollywood. James Dean est encore un inconnu et Dennis Stock a en face de lui un « jeune homme maussade à lunettes » qui lui propose d’assister à l’avant-première privée du film de Kazan dans un cinéma de Santa Monica. Mais, jusqu’à la projection la semaine suivante, Stock n’avait pas compris que Dean en était la vedette. De surcroît il découvre une star en devenir de la trempe des Brando, Newman ou Monty Clift.

Les deux hommes se lient d’amitié et James Dean propose au photographe de l’accompagner à New York, puis dans la ferme de Fairmount dans l’Indiana, là où vivent l’oncle et la tante qui l’ont élevé. Malgré les réticences du magazine Life, à qui Dennis Stock propose le reportage (rappelons que Dean est encore inconnu), le photographe va suivre le jeune acteur dans son odyssée vers l’Est. Des retrouvailles familiales dans la campagne enneigée de l’Indiana qui voit débarquer l’enfant prodige au pays, aux promenades anonymes du jeune homme mélancolique dans la grisaille hivernale de Manhattan, on est aux antipodes du soleil californien et du miracle hollywoodien ; Dennis Stock saura saisir ce contraste. Loin des projecteurs de plateau, on découvre le petit appartement près de Central Park West que James Dean y a gardé : une « cabine de paquebot » dans laquelle il a entassé livres et disques, souvenirs de sa courte et studieuse jeunesse.

La Fureur de vivre Nicholas Ray

Natalie Wood, Corey Allen, Dennis Hopper (tous deux décédés en 2010) et James Dean dans La Fureur de vivre de Nicholas Ray. © Dennis Stock

À New York encore, le jeune comédien revoit ses anciens condisciples et professeurs de l’Actor’s Studio et se laisse photographier avec Lee Strasberg en personne ou prendre un ultime cours de danse avec Eartha Kitt. Ces photos paraîtront finalement dans Life, tandis que sort sur les écrans À l’Est d’Eden en mars 1955. La légende est en marche et James Dean signe neuf films avec la Warner. Nicholas Ray, impressionné par le reportage de Dennis Stock, lui propose alors de l’embaucher comme photographe de plateau sur La fureur de vivre, mais avec le statut de « répétiteur » de l’acteur afin de l’aider à mémoriser son dialogue. Il ne fallait en effet pas heurter les usages de la profession, Stock n’étant pas syndiqué.

Le tournage a lieu en juin 1955 et l’objectif de Dennis Stock va saisir encore quelques magnifiques postures de son ami Jimmy : la scène du planétarium et des images en rafale de l’homérique duel au cran d’arrêt de Dean avec l’acteur Corey Allen, sous l’œil désespéré de Natalie Wood et le regard cynique du juvénile Dennis Hopper ; moment d’anthologie…

On ne trouvera pas dans cet hommage de témoignage des derniers mois de la vie de l’acteur flamboyant sur le tournage de Géant de George Stevens, Dennis Stock étant parti faire un reportage sur Spencer Tracy en France ; pas plus que d’images de la Porsche maudite qui un certain 30 septembre 1955 sur la route de Salinas en Californie fit définitivement entrer Jimmy Dean et sa Porsche « little bastard » dans la légende. De toute façon Dennis Stock n’avait pas la forme ce jour-là.

Jean SEGURA

James Dean Dennis Stock

James Dean et Dennis Stock, 1955

 

Dennis Stock était membre éminent de l'Agence Magnum. Il a photographié des grands du jazz comme Louis Armstrong, Billie Hollyday et Sidney Bechet. Il fait une apparition dans The Last Movie de Dennis Hopper en 1971. Il est mort le lundi 11 janvier 2010 à Saratoga, Floride, à 81 ans, soit quatre mois avant Hopper.

NB : Une version de cet article a été publiée dans Le Technicien du Film en Septembre 2005.

 

 

 

Dennis Hopper Nouvel Hollywood

Dennis Hopper & le Nouvel Hollywood - Matthieu Orlean et Jean-Baptiste Thoret - Ed Flammarion, 2009

POUR EN SAVOIR PLUS

Dennis Hopper sur IMDB

 

 

Dennis Hopper

Dennis Hopper dans les années 2000

 

 

Dodge City Kansas

Old Town à Dodge City dans le Kansas ville natale de Dennis Hopper et dont Wyatt Earp fut le Shérif.

 

 

James Dean Sal Mineo La Fureur de vivre

James Dean (à gauche) et Sal Mineo dans La Fureur de vivre de Nicholas Ray, 1955.

 

Dennis Hopper

Dennis Hopper : "Please don't call me another Jimmy Dean"

 

 

Dennis Hopper Giant

Dennis Hopper dans Géant de George Stevens.

 

Fureur de vivre Dennis Hopper

Dennis Hopper derrière la caméra sur le tournage de La Fureur de vivre de Nicholas Ray, 1955

 

 

   Dennis Hopper

Dennis Hopper au temps de l'innocence

 

 

 

 

 

Dennis Hopper Easy Rider

Dennis Hopper joue Bill dans Easy Rider.

 

 

 

Phil Spector Easy Rider

Dennis Hopper,bodyguard,Peter Fonda et Phil Spector en avant plan(qui le temps d'un photograme regarde la caméra)au début d'Easy Rider.

 

 

 

 

Easy Rider

Le trio Hopper, Fonda, Nicholson dans Easy Rider

 

 

Jack Nicholson Easy Rider

Jack Nicholson en avocat alcoolique dans Easy Rider

 

 

 

Easy Rider One Sheet

Easy Rider, One Sheet, USA

 

 

Peter Fonda Jack Nicholson Easy Rider

Jack Nicholson et Peter Fonda dans Easy Rider

 

 

The Last Movie Dennis Hopper

The Last Movie, second film de Dennis Hopper,avec notamment Peter Fonda, Samuel Fuller, Kris Kristofferson, Michelle Philips, John Philip Law, Toni Basil, Dean Stockwell, Russ Tamblyn, Dennis Stock (le photographe de James Dean, mort en janvier 2010)

 

Dennis Hopper

Dennis Hopper, graine de cowboy au début de sa carrière dans The Last Movie.

 

 

The Last Movie Dennis Hopper

Dennis Hopper, The Last Movie, 1971.

 

Dennis Hopper L'Ami américain

Dennis Hopper dans L'Ami américain de Wim Wenders, 1977.

 

Dennis Hopper Apocalypse Now

Dennis Hopper dans Apocalypse Now de Francis Ford Coppola, 1979.

 


Dennis Hopper par Andy Warhol

Dennis Hopper, 1971, sérigraphie par Andy Warhol

 

Veuve Noire Dennis Hopper

Dennis Hopper, en industriel du jouet dans La Veuve noire de Bob Rafelson, 1987.

 

 

Blue Velvet

Dennis Hopper, rictus aux lèvres dans Blue Velvet de David Lynch, 1986

 

 

 

Indian Runner

Dennis Hopper, Sean Penn et Viggo Mortensen sur le tournage de Indian Runner, 1991.

 

 

Leo Sam Sheppard Dennis Hopper

Sam Sheppard et Dennis Hopper dans Leo de Mehdi Norowzian, 2002

 

 

 

Carrefour de la mort Richard Widmark

Richard Widmark en gangster psychopathe dans Le Carrefour de la mort d'Henry Hathaway, 1947.

 

Backtrack Dennsi Hopper Jodie Foster

Dennis Hopper et Jodie Foster dans Une trop belle cible (Backtrack, titre US, Catchfire, titre UK), un film réalisé par Hopper et signé sous le pseudonyme d'Alan Smithee, 1990. Jaquette DVD USA.

 

Blood Red Dennis Hopper

Etrange mimétisme entre Dennis Hopper - ici en patriarche dans Blood Red (Une fusil pour l'honneur) de Peter Masterson, 1989 - et James Dean dans le rôle de Jett Rink dans Géant.

 

 

 

 

Division des opérations spéciales - E-Ring

Dennis Hopper en Colonel Eli McNulty dans Division des opérations spéciales (E-Ring), série TV créée par David McKenna, 2005-2006

 

 

Dennis Hopper artwork

 

 

Dennis Hopper artwork

Dennis Hopper : Deux installations présentées lors de l'exposition de la Cinémathèque française, Paris, 2008-2009.

 

 

Dennis Hopper

Photographie de Dennis Hopper : double portrait par Victor Skrebneski, 1990, présenté lors de l'exposition de la Cinémathèque française, Paris, 2008-2009.

 

 

 

 

Christohphe Cormier Dennis Hopper L'Harmattan

Contre-culture et cinéma : Dennis Hopper - Christophe Cormier - Ed. L'Harmattan, 2008.

 

 

 

Taos New Mexico

Taos, petite ville du Nouveau Mexique où Dennis Hopper a vécu pendant douze ans (certains plans de Easy Rider et de Backtrack y ont été tournés). Il y a été enterré le 3 juin 2010, en présence notamment de son vieux copain Jack Nicholson et de Val Kilmer

Corey AllenCorey Allen, l'une des figures de La Fureur de vivre de Nicholas Ray, est mort un mois après Dennis Hopper

COREY ALLEN (1934-2010)

Triste fureur de vivre…

Triste année 2010 pour la Fureur de vivre, après les disparitions de Dennis Stock - le photographe - et de Dennis Hopper, on apprend celle de Corey Allen le 27 juin 2010. Acteur et réalisateur, il fait une apparition dans La Nuit du chasseur de Charles Laughton en 1955 avant de jouer la même année dans La Fureur de vivre de Nicholas Ray. Il y incarne Buzz Gunderson, le bad boy qui défie Jim Stark (James Dean) au cran d'arrêt dans un combat de coqs destiné à séduire la piquante Judy (Natalie Wood); puis le provoque dans une compétition mortelle de courses de voitures au bord de la falaise. Nicholas Ray fait encore appel à lui dans Traquenard (Party Girls, 1958) avec Robert Taylor et Cyd Charisse et on le retrouve - avec un premier rôle masculin - dans Propriété privée de Leslie Stevens en 1960, puis dans Doux oiseau de jeunesse de Richard Brooks en 1962. Il poursuit une carrière de réalisateur essentiellement pour la télévision de 1969 à 1994, notamment sur plusieurs épisodes de Star Trek : The Next Generation. Pratiquement du même âge que Dennis Hopper, il est mort à 76 ans.

 

Private

Corey Allen tient le rôle masculin principal, au côté de Warren Oates, dans Propriété privée de Leslie Stevens, 1960

Corey Allen Dennis Hopper James Dean

Corey Allen, Dennis Hopper et James Dean en 1955 pendant des essais préparatoires au tournage de La Fureur de vivre de Nicholas Ray. Un regard complice passe entre Hopper et Dean, tandis que Allen reste concentré sur quelque chose hors cadre. Pendant un bref instant, on sent chez les deux acteurs une affection mutuelle : James Dean vient de hausser les sourcils puis relèvent les mains vers son visage comme pour se protéger ; Dennis Hopper est amusé par cette mimique et renvoie un large sourire vers Jimmy. Se connaissent-ils déjà ? On sait que Dean prodiguera son expérience de l'Actors Studio à Hopper et que les deux acteurs deviendront amis, jusqu'à un certain 30 septembre 1955. Corey Allen semble mal à l'aise et ne partage pas du tout cette complicité.

 

Les films de Dennis Hopper : Affiches françaises

Easy Rider

Easy Rider, 120 x 160 cm , France, originale

Easy Rider

Easy Rider, 120 x 160 cm , France, ressortie

Out of Blue

Out of Blue, 120 x 160 cm , France, originale

Colors

Colors, 120 x 160 cm , France, originale

Hot Spot

Hot Spot, 120 x 160 cm , France, originale

Dennis Hopper Cinémathèque Francaise 2008-2009

Dennis Hopper & le Nouvel Hollywood, visuel de l'expo, Cinémathèque Française, 2008-2009

Toutes photos : droits réservés

 

 


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