RUBRIQUES DU MAGAZINE Edition Evénements Ventes Expositions Autres

 

Cliquez sur ce drapeau pour afficher la version française Click on this flag to display the english version

 

 

 

 

 

Leroy Haynes American restaurant Paris

Leroy Haynes dans les années 1970

 

 

 

 

 

Leroy Haynes American restaurant Paris

Chez Haynes,
3 rue Clauzel, Paris 9e

 

 

 

 

 

Leroy Haynes American restaurant Paris

Extrait d'un journal :
WOJG (Warrant Officer, Junior Grade) Leroy Haynes, coach of the Würzburg Military Post football
team en Allemagne

 

 

 

 

Leroy Haynes American restaurant Paris

L'athlétique catcheur américain James Brown,a laissé sa photo au restaurant.

 

 

 

 

 

Leroy Haynes American restaurant Paris

Leroy Haynes et un ami,
circa 1950

 

 

 

 

 

Leroy Haynes American restaurant Paris

Les débuts de Gabby & Haynes
dans les années 1950 :
Leroy en cuisine
avec un officier friand
de southern food

 

 

 

Leroy Haynes American restaurant Paris
Dans les années 1950:
GI's et Jazmen seront les premiers clients du petit restaurant de la rue Manuel

 

 

 

 

 

Leroy Haynes and Peter O'Toole American restaurant Paris

Leroy Haynes en cuisine
avec Peter O'Toole, rue Clauzel
dans les années 1960

 

Leroy Haynes and Maria Haynes American restaurant Paris

Maria et Leroy Haynes lors
de leur mariage en 1985

Leroy Haynes Pétroleuses American restaurant ParisLeroy Haynes en "Nounou" dans Les Pétroleuses (1971) de Christian Jaque

Chez Haynes :
60 ans d'un Américain à Paris

par Jean Segura

Leroy Haynes American restaurant Paris 

Leroy "Roughouse" Haynes

1914-1986

Southern Food à Pigalle

Chez Haynes American restaurant Paris

 

Paris, 5-14 mars 2009

Le plus ancien des restaurants américains de Paris - et d'Europe - avec ses murs recouverts de photos d'acteurs et de musiciens des années 50 et 60 et ses spécialités « soul food », de la région du Mississippi, va bientôt fermer ses portes après soixante ans d'activité.

L'histoire de ce restaurant unique - et mythique - fondé par Leroy Haynes, vaut d'être racontée : pour le charme de son décor et l'exotisme de sa cuisine, pour ses convives célèbres venus d'outre-Atlantique et, bien sûr, pour les souvenirs qu'il laissera à ceux qui, comme moi, l'ont connu et aimé.
Cette histoire prendra sa place à côté de celle de ces petits morceaux d'Amérique pittoresque qui ont essaimé dans le Paris d'après-guerre, tels le Centre Américain du Boulevard Raspail (aujourd'hui remplacé par l'immeuble "glacé" de Jean Nouvel pour la Fondation Cartier) ou encore la librairie du quartier latin Shakespeare-&-Company ouverte par George Whitman en août 1951 et située encore au 37 rue de la Bûcherie, face à Notre-Dame.


Leroy Howard Milton Haynes, Afro-Américain, fils de Robert Haynes et de M.C. Curine Lena, est né à Clinton dans le Kentucky le 7 janvier 1914. Sa famille va s'installer à Chicago où le jeune Leroy est élevé par un beau-père qui aurait travaillé pour Al Capone au moment de la Prohibition. Haynes s'amusait d'ailleurs à raconter qu'enfant il lui était arrivé de rencontrer le célèbre gangster.

En grandissant, Leroy s'écarte cependant du sillage de ce beau-père malfrat. Après High School il rentre au prestigieux Morehouse College d'Atlanta. Cette université, fondée après la guerre de Secession, en 1867, offre aux Afro-Américains la possibilité de faire des études supérieures ; une institution conditionnée par le régime des lois ségrégationnistes - notamment dans les États du Sud, comme la Georgie - qui imposait une éducation strictement séparée entre étudiants noirs et étudiants blancs. De cette académie « noire » sont sorties des figures historiques comme Martin Luther King, ou encore des gens de cinéma comme le réalisateur Spike Lee et le comédien Samuel L. Jackson.

 

FOOTBALL ET SOCIOLOGIE

Garçon athlétique et plutôt "costaud" mesurant plus d'un mètre quatre-vingt, Leroy profite de ces années passées sur le campus pour devenir champion de football américain dans l'équipe du Collège. C'est un vrai pilier, ce qui lui vaudra son sobriquet de "Roughouse" (baraque dure), qu'il gardera avec le temps.

Le sport ne lui fait pas oublier les livres et, en 1940 il obtient le Master of Arts degree en sociologie.

 

Leroy Haynes American restaurant Paris

WOJG (Warrant Officer, Junior Grade)Leroy Haynes,
From Chicago,(Standing with discus in hand),
Athletic Officer for the Kitzingen
Training Center'Track Team, instructs members
of the team during pracic session.
Kitzingen, Germany - 22 July 1948.

 

GI EN EUROPE

Au dehors la guerre gronde et un certain 7 décembre 1941, Pearl Harbour précipite l'Amérique dans l'embrasement général. A 28 ans, Leroy s'engage dans l'armée du Pacifique de 1942 à 1945. Puis en 1946, il devient Warrant Officer Junior (officier d'ordonnance) et part servir en Allemagne jusqu'en 1949, plus précisément sur les bases de Kitzingen et Würzburg en Bavière. Sa réputation de footballer l'a suivi et il y entraîne les équipes de GI's en garnison.

Leroy Haynes and  Cab Calloway American restaurant Paris

Leroy Haynes avec Cab Calloway, chez "Gabby & Haynes"

Hasard ou volonté de sa part, Leroy ne pousse pas au-delà sa carrière de militaire et préfère revenir à la vie civile. Il voyage en Europe et découvre la France dont il tombe amoureux. Il lui vient alors l'idée de s'inscrire en Sorbonne à Paris pour y préparer son doctorat de sociologie. Mais, soit par manque de maîtrise du français, soit par nécessité pécunière, ou les deux, ses ambitions universitaires ne resteront qu'à l'état de projet. Installé à Paris, il complète ce qui lui reste de sa solde de GI en travaillant comme barman dans un restaurant de cuisine traditionnelle française. C'est dans ces circonstances qu' il rencontre Gabrielle Lecarbonnier, dit Gabby, jeune Française née le 5 juillet 1928 et originaire de Cherbourg, dont il fera très vite son épouse.
En 1949, avec 900 petits dollars en poche, ils fondent ensemble   un restaurant dans une minuscule salle située rue Manuel dans le 9e arrondissement, une petite artère donnant dans la rue des Martyrs et non loin de la place Pigalle. Gabby & Haynes, tel est son nom, est la première table en France à proposer des plats tirés des recettes de cuisine traditionnelle du vieux sud des Etats-Unis.

 

UN PETIT COIN D'AMÉRIQUE À PARIS

On imagine des débuts difficiles : « Tout ce que je savais cuisiner, c'était les légumes verts, le poulet, les chitterlings (tripes de porc) et de la soul food, une nourriture que les Français ne pouvaient pas comprendre » confie Leroy à un journaliste. Il raconte qu'un jour, alors qu'il revenait du marché de la viande (à l'époque dans le quartier des Halles à Paris) tôt le matin, il ramena rue Manuel deux camions militaires chargés de GI's noirs qui venaient de Nuremberg et s'étaient perdus dans Paris. « Ils ont vraiment trouvé chez moi la nourriture que leur faisaient leurs mères : fatback (poitrine de porc) and greens, pan-fried sausage, etc ». L'information va alors circuler dans les bases américaines de l'Otan qu'on peut trouver de de la Southern cuisine à Pigalle.

La soldatesque des GI's noirs qui fréquente les lieux est bientôt rejointe par les jazzmen américains, qui de plus en plus nombreux dans les années 1950 se produisent à Paris, tels Louis Armstrong, Count Basie, Cab Calloway, Sydney Bechet (parrain de son fils Richard), The Platters ou Lionel Hampton. Gabby & Haynes devient un petit coin de Mississippi pour tous ces noirs nostalgiques de leur antique "soul food", si goûteuse.

Leroy raconte que Louis Armstrong, durant un concert, se pressa de finir son dernier morceau, annonçant au public médusé qu'un plat de "red beans and rice" l'attendait au chaud chez Haynes.

Le restaurant devient rapidement un lieu de prédilection pour écrivains et musiciens de jazz afro-américains qui visitent ou habitent à Paris pendant ces années d'après-guerre. Richard Wright (1908-1960), écrivain né en Louisiane, auteur de Un enfant du pays et de Black Boy, résidant à Paris où il est accueilli par Sartre et le groupe des Temps Modernes, y a ses habitudes ; ainsi que James Baldwin, autre familier des lieux.
Selon des chiffres du New York Times, il y a approximativement 2000 à 3000 noirs américains qui vivent à Paris pendant les années 50 : étudiants, artistes, écrivains, gens de spectacles et des métiers de service et de l'hôtellerie, professionnels divers, employés d'amabassade et du consulat américains, de l'Otan (dont le siège est encore Porte Dauphine) ou de l'ONU. Certains ont pris la nationalité française et plusieurs ont épousé des européennes.

UN ANCIEN BORDEL DEVENU TEMPLE DE LA SOUL FOOD

En dix ans la France s'est transformée , notamment sous l'effet du plan Marshall. Le nord du 9e arrondissement de Paris connaît le soir une vie effervescente: music-halls, cinémas, cabarets, strip tease's. Les noctambules, musiciens, touristes et habitués du quartier recherchent aussi des lieux de plaisir et de détente un peu à l'écart du tohu-bohu du boulevard entre Blanche et Pigalle, des endroits familiers ou exotiques pour manger un morceau avec si possible un peu de musique live. La proximité de la Place Pigalle avec son historique "bourse aux musiciens" favorise le bouillonnement de ce quartier singulier.
Quelques bonnes tables restent ouvertes tard pour accueillir ces convives peu pressés d'aller dormir. Côté 18e il y a les restaurants des Abbesses et de la rue Lepic qui mène vers la butte Montmartre, aujourd'hui tant fréquentés, mais relativement déserts dans les années 50-60. Côté 9e il y a des restaurants discrets comme Corossol Doudou au bas de la rue Laferrière (derrière la place Saint-Georges), une taverne antillaise où l'on mange du boudin pimenté et des acras de morue, La Cloche d'Or à l'angle de la rue Mansart et de la rue Fontaine, sorte de chalet avec une grande cheminée et ses salons en étage.
Un peu plus bas, rue Manuel, il y a maintenant marqué Chez Gabby sur l'enseigne du restaurant créé en 1949 ; car le couple s'est séparé en 1960. Entre temps Leroy et Gabby ont eu un petit garçon, Richard qui plus tard apprendra à faire la cuisine comme son père.

Que devient alors Leroy ? C'est une période mal connue de sa vie : après sa séparation d'avec Gabby il repart en Allemagne, notamment à Francfort, où il reste jusqu'en 1964. Ce n'est qu'au moment de son retour à Paris, qu'il se réinstalle dans le 9e, et ouvre un second restaurant à son enseigne : Chez Haynes, rue Clauzel, face à un marchand de charbon. C'est une rue qui donne également sur la rue des Martyrs, mais située sur l'autre trottoir à 50 m au dessus de la rue Manuel. Le numéro 3 de la rue Clauzel est, d'après la légende, une ancienne maison close fréquentée au XIXe siècle et au début du XXe par des artistes et des bourgeois qui habitent le quartier. Dans Van Gogh, le film de Maurice Pialat (1991), il est fait allusion à un bordel de la rue Clauzel où le peintre avait ses habitudes. D'autant qu'on sait que le peintre achetait ses pinceaux et ses tubes chez le Père Tanguy, marchand de couleurs (de 1873 à 1892), situé sur le trottoir d'en face au numéro 14, affectueusement nommé par ses clients « le Socrate de la rue Clauzel ». Vincent Van Gogh a-t-il vraiment hanté ces lieux ? Ce n'est pas impossible. Autre référence de taille, Guy de Maupassant, auteur entre autres de la Maison Tellier, vécu au 17 de la rue Clauzel. La rue Clauzel, tout comme la rue Manuel (anciennement rue de Morée)sont décrites par Paul Léautaud dans son récit Le Petit Ami (Mercure de France, 1903) comme des lieux de racolage des "femmes en cheveux qui raccrochaient les passants". Ce petit coin du neuvième - le "Breda Street de Gavarni (…) pleines d'artistes et de lorettes" - était bien l'un des quartiers chauds du Paris d'avant la guerre de 14-18. Les arcades et les colonnes torsadées encore présentes aujourd'hui au 3 de la rue Clauzel seraient ainsi l'œuvre d'un décorateur ou d'un architecte d'intérieur répondant à la nécessité de fantaisie qui devait régner dans ce lieu de plaisir.

Leroy doit être amusé que tant de faribolles aient pu se produire entre ces murs. Chez Haynes ouvre enfin ses portes : étrange lieu avec sa façade en rondins de bois, une "Cabane au Canada" en plein Pigalle. Au menu, tuna salad, spare ribs barbecue sauce, fried chicken au miel, mexican chili, gombos de crevette et poulet, T bone steak, gambas grillées et haricots rouges. Et comme desserts, gâteaux à la banane et aux carottes, apple pie à la mode ou banana split.

Leroy Haynes and Marianne Faithfull American restaurant

Marianne Faithfull et Leroy Haynes, fin années 60 dans le restaurant de la rue Clauzel

De nombreuses stars du cinéma et du spectacle vont passer ici : Ray Charles, Elizabeth Taylor, Richard Burton, Peter O'Toole, Rod Steiger, Warren Beatty, Sidney Poitier, Marianne Faithfull et bien d'autres artistes et musiciens de l'époque, signant le Livre d'Or et laissant les photographes immortaliser leur présence. Une autre célébrité, politique, le Black Panther Stokely Carmichael a également fréquenté la rue Clauzel.

 

Bodil Christensen and Leroy Haynes American restaurant Paris

Bodil Christensen, manager et hégérie du restaurant de la rue Clauzel, avec le journaliste Bernard Valery, correspondant du Sunday News et son patron Leroy Haynes.
Extrait du Sunday New, 4 avril 1976

 

Au cours des années 1970, la direction du service de salle est confiée à Bodil Christensen, une grande Danoise avenante qui va faire marcher la maison avec énergie. D'autant que Haynes  n'est plus le seul restaurant américain sur la place de Paris.

La plupart vont ouvrir dans le quartier des Halles à Paris, alors en pleine mutation au moment du vaste chantier qui va voir disparaître les antiques pavillons Baltard au profit du prétentieux et stupide Forum. Joe Allen, célèbre pour son style new-yorkais avec ses nappes à carreaux, situé rue Pierre Lescot , est créé en 1972.

Non loin de là, Conway's, rue Saint Denis avec son grand lounge en bois, ouvre en 1976. Il y a aussi le sympathique Mother's Earth, rue des Lombards avec ses vieux divans, chaises et tables chînés dans les brocantes, non loin du magasin de disques Open Market qui draine toute une faune d'amateurs de musique rock et rythm'n blues.

Pour les puristes, Gabby's qui officie toujours rue Manuel avec Richard Haynes aux fourneaux, et Chez Haynes bien sûr avec Leroy, restent toujours des références incontournables.

 

DANS MES BRAS NOUNOU !!

Leroy Haynes connaît une autre gloire, plus modeste, au cinéma comme acteur et figurant. On découvre sa silhouette massive dans des films comme Un nommé la Rocca de Jean Becker (1961), Le Gendarme à New York (1965), Trois chambres à Manhattan (1965), Tendre Voyou (1966), Mr Freedom de William Klein (1969, Popsy Pop de Jean Herman (1970) ou Les Pétroleuses (1971). Il reçoit parfois ses amis et collègues dans une ambiance chaleureuse et jazzy. Des soirées concerts vont avoir souvent lieu dans cette annexe du Blue Note, la boîte de jazz de la rue d'Artois, Paris 8e, dirigée par Ben Benjamin.

Le soir de la première du film Les Pétroleuses, les deux vedettes Brigitte Bardot et Claudia Cardinale, accompagnées de leur realisateur Christian Jaque débarquèrent rue Clauzel. "Dans mes bras Nounou" cria BB à Haynes, son partenaire dans le film.

Après la disparition de Leroy, mort en avril 1986, Chez Haynes va continuer à vivre pendant près de vingt-trois ans grâce à la volonté et au courage de Maria Dos Santos, Portugaise vivant à Paris, qu'il épouse le 1er avril 1985. Pour redonner du souffle à la vieille maison, Maria organise le dimanche après-midi des thés dansants brésiliens.

Aujourd'hui, Maria tourne la dernière page de ce qui reste encore de ce petit morceau d'âme du Pigalle des années 50 et 60.

Jean SEGURA

LIRE EGALEMENT :

GABBY OH GABBY ! DANS L'OMBRE DE LEROY HAYNES

Une histoire du restaurant de la rue Manuel (en francais seulement)

 

 

 

 

 

 

 

 

Leroy Haynes American restaurant Paris

Leroy Haynes dans les années 1970

 

 

 

 

 

   Chez Haynes American restaurant Paris

Chez Haynes,
3 rue Clauzel, Paris 9e

 

 

 

 

Leroy Haynes American restaurant Paris

Chicago Tribune,
Sunday May 3, 1970

 

 

 

 

 

Leroy and Gabby Haynes American restaurant Paris

Leroy Haynes et Gabby Haynes,
à Paris dans les années 1950

 

 

 

 

Louis Armstrong and Gabby Haynes American restaurant Paris

Louis Armstrong avec Gabby Haynes, circa 1950

 

 

 

 

 

Leroy Haynes American restaurant Paris

Leroy Haynes avec une chanteuse
de Jazz, période "Gabby & Haynes"

 

Chez Haynes American restaurant Paris

L'enseigne "Chez Haynes"
3 rue Clauzel, Paris 9e

 

 

 

 

 

Leroy Haynes American restaurant

Leroy Haynes dans les années 1970

 

 

 

 

 

 

Leroy Haynes American restaurant

Leroy Haynes rue Clauzel
dans les années 1960, un cœur
gros comme ça

 

Leroy Haynes American restaurant Paris

Leroy Haynes dans les années 1970

 

 

Leroy Haynes Claudia Cardinale Stanley Baker American restaurant Paris

Claudia Cardinale, Stanley Baker et Leroy Haynes dans Popsy Pop de Jean Herman (1970), d'après un scénario d'Henri "Papillon" Charrière

Haynes : les murs se souviennent

 

Le 6 mars 2009, quelques jours avant la fermeture de ce restaurant mythique, je suis allé voir Maria Haynes et nous avons fait ces quelques prises de vue de ce lieu encore intact.

Des murs, des photos, des tables, un piano, une ambiance habitée, tels que Leroy Haynes - lui qui avait fondé ce lieu, mélange de Montmartre et de Mississippi - les a laissés au moment de sa disparition en avril 1986.

"Good Bye Leroy" à toi et tous ceux qui ont hanté ta caverne magique.

Jean Segura

 

 

Leroy Haynes American restaurant Paris

 

 

Leroy Haynes American restaurant Paris

 

 

Leroy Haynes American restaurant Paris

 

 

Leroy Haynes American restaurant Paris

 

 

Leroy Haynes American restaurant Paris

 

 

Leroy Haynes American restaurant Paris

 

 

Leroy Haynes American restaurant Paris

 

 

Leroy Haynes American restaurant Paris

 

 

Leroy Haynes American restaurant Paris

 

 

Leroy Haynes American restaurant Paris

 

 

Leroy Haynes American restaurant Paris

 

 

 

 

Leroy Haynes American restaurant Paris

 

Leroy Haynes American restaurant Paris

 

Leroy Haynes American restaurant Paris

 

Leroy Haynes American restaurant Paris

 

Leroy Haynes American restaurant Paris

 

Leroy Haynes American restaurant Paris

 

Leroy Haynes American restaurant Paris

 

Leroy Haynes American restaurant Paris

 

Leroy Haynes American restaurant Paris

 

Leroy Haynes American restaurant Paris

 

Leroy Haynes American restaurant Paris

 

Leroy Haynes American restaurant Paris

 

 

 

Leroy Haynes American restaurant Paris

© Jean Segura

Aunt Fanny's Cabin , un "ancêtre" de Haynes à Atlanta

Aunt Fanny's Cabin Smyrna Georgia

Atlanta, Georgie, en 1941, Isoline Campbell MacKenna, fille de Orme Campbell, transforma une cabane existant depuis les années 1890 sur sa propriété en un magasin de vente de conserves et de produits agricoles issus de la ferme familiale.

Cette cabane se situait sur Campbell Road juste au nord du pont de chemin de fer, non loin du centre de Smyrna (Georgie) à 20 km au nord ouest du centre d'Atlanta.

Isoline commença bientôt à proposer de la soupe et d'autres aliments préparés à partir des recettes de Fanny Williams, la vieille cuisinière de ses parents, descendante d'une famille d'esclaves noirs et maintenant à la retraite.

Aunt Fanny's Cabin Smyrna Georgia

Fanny Williams est une Afro Américaine née vers 1860 qui travailla dans la famille de Orme Campbell à partir des années 1880 comme nourrice et cuisinière. Au cours de ses longues années de service, on finit par l'appeler "Aunt Fanny".

Fanny Williams fut très active dans sa communauté, notamment comme co-fondatrice de son église, l'Atlanta's Wheat Street Baptist, et de l'African American Medical Center de Marietta. Elle mourut le 5 novembre 1949 et fut enterrée au South View Cemetery d'Atlanta.

Aunt Fanny's Cabin Smyrna Georgia

Entre temps, le magasin d'Isoline gagna en popularité et, au début des années 1940, on lui adossa une terrasse au sol en briques. C'est ainsi que le restaurant appelé Aunt Fanny's Cabin fut créé en 1941. La légende dit que l'entrée du restaurant fait partie de la cabane où Fanny Williams est née.

En 1945, le restaurant se désignant lui-même comme "a place to eat and be seen" (un endroit pour manger et pour être vu) commença à attirer des célébrités venues du monde entier.

Aunt Fanny's Cabin 'Welcome Center' Smyrna Georgia

On y servait de l'authentique nourriture « Southern-style », la plus vieille cuisine américaine considérée comme telle, dans un environnement campagnard. La maison fut agrandie par extensions successives pour pouvoir servir jusqu'à 800 couverts.

Aunt Fanny post-card

Aunt Fanny post-card-text

Pendant les cinq décennies de son activité, Aunt Fanny's Cabin a accueilli des dizaines de stars du sport et du cinéma, des politiciens et d'autres célébrités qui ont non seulement signé le livre d'or des invités, mais laissé leur photo dédicacée qui ont ensuite orné les murs du restaurant. Les convives se voyaient offrir en souvenir le verre à cocktail peint de couleur orange (Mint Julep Glass) , pièce aujourd'hui recherchée par les collectionneurs.

Aunt Fanny's Cabin Smyrna Georgia Aunt Fanny's Cabin Smyrna Georgia

Le restaurant fut revendu plusieurs fois, en 1946 à Harvey Hester et Marjorie Bowman qui le gardèrent 22 ans avant de le céder à en 1968 à George « Pongo » Poole. Après sa mort en 1989, sa veuve Gretna Poole ne put continuer très longtemps à l'exploiter.   Enfin Frank Johnson le racheta en 1992. Aunt Fanny's Cabin disparu et le domaine de 6 acres (2,5 ha), vendu en parcelles aux enchères, fut transformée en un complexe de résidences luxueuses.

La cabane datant de 1890 et sa terrasse de 1940 furent démontées et partiellement reconstruites pour en faire le Welcome Center de Smyrna à quelques kilomètres de là, au 2875 Atlanta Road.

Lorsqu'il était étudiant au Morehouse College of Atlanta, à quelques kilomètres de là, Leroy Haynes a très bien pu fréquenter Aunt Fanny's Cabin, d'autant que la maison recevait des sportifs à la mode et qu'il était champion de son équipe de footballers dans une université locale. A-t-il trouvé l'inspiration dans ces lieux étrangement ressemblants, et par l'ambiance, et par la cuisine, à ce que deviendraient un jour les restaurants parisiens qu'il a créés. On se plairait à le croire.

JS

 

Goodbye Haynes, Hello Again Miles

SPIRIT BLACK OF PARIS

Retour Haut de Page



RUBRIQUES DU MAGAZINE Edition Evénements Ventes Expositions Autres